20 avril 2023

Au Soudan, Khartoum se vide de ses habitants



Les civils tentent de fuir les combats alors que tous les cessez-le-feu annoncés ont été violés par les forces des deux généraux rivaux.



Un engrenage s’est enclenché au Soudan que rien ne semble pouvoir arrêter. Pas même les commandants des deux armées qui s’affrontent. Depuis samedi 15 avril et le début des affrontements entre les Forces armées soudanaises (FAS), dirigées par le général Abdel Fattah Al-Bourhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), menés par Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », les trois cessez-le-feu qui ont été annoncés ont volé en éclats.


Cinq jours durant depuis samedi, les habitants de la capitale, Khartoum, où se concentrent avec le Darfour la plupart des combats, n’ont eu aucun répit. L’armée régulière multiplie les frappes aériennes sur les positions des FSR, désormais considérées comme des rebelles par l’état-major. Les paramilitaires y répondent avec leurs canons antiaériens et des salves de tirs à l’arme lourde.


Les deux camps procèdent à des tirs d’artillerie au milieu des habitations. Des ambassades ont été touchées. Des obus tombent au hasard, éventrant les maisons, soufflant les toitures. Près de 300 personnes ont déjà été tuées dans les affrontements et plus de 3 000 blessées, selon l’Organisation mondiale de la santé. Trente-neuf hôpitaux sur les 59 que compte la capitale ne sont plus opérationnels, privés d’électricité, de personnel et de matériel. Neuf d’entre eux ont été bombardés. Certains civils blessés par des balles perdues se traînent jusqu’aux urgences pour se retrouver face à des portes closes et devoir rebrousser chemin.


Evacuations délicates

S’extirpant de l’enfer des combats, laissant des cadavres de soldats gisant dans la poussière et des carcasses de blindés calcinés, des milliers de personnes ont fui la ville. Pendant des décennies, Khartoum a accueilli les centaines de milliers de Soudanais déplacés par les conflits armés ayant fait rage aux quatre coins du pays. Elle se vide, pour la première fois de son histoire, de ses habitants.


Les FSR, qui contrôlent une grande partie du centre de la ville, ont annoncé la création d’un numéro d’urgence pour évacuer des civils en détresse. Au même moment, leurs soldats continuaient de pénétrer dans des habitations, s’adonnant aux pillages, arrêtant arbitrairement des habitants et utilisant certaines maisons comme centres d’opération. Des travailleurs humanitaires ont été attaqués et plusieurs agressions sexuelles recensées, dont un cas de viol impliquant une expatriée japonaise. Le gouvernement nippon est le premier à avoir déclaré mercredi 19 avril qu’il s’apprêtait à évacuer ses ressortissants.


Ce genre d’opération s’annonce extrêmement délicate, alors que les tirs et les bombardements sont constants et que l’aéroport de Khartoum reste inutilisable. Surtout, les milieux diplomatiques sont sceptiques quant à la crédibilité des cessez-le-feu annoncés à intervalles réguliers par les deux parties. Les généraux Al-Bourhane et Hemetti ont prouvé à maintes reprises, depuis leur coup d’Etat du 25 octobre 2021, qu’ils excellaient dans l’art du double discours et peinaient à maîtriser leurs propres troupes.


« Depuis le règne d’Omar Al-Bachir, le pays connaît une miliciarisation croissante. Les chaînes de commandement ne sont pas parfaitement verticales », analyse Hafiz Ibrahim, défenseur des droits de l’homme pour l’organisation Justice Africa. Bien que les FSR, nées des milices janjawids qui ont sévi au Darfour au début des années 2000, tentent de se présenter comme une armée moderne et disciplinée, elles comptent dans leurs rangs des bataillons de soldats rompus aux exactions. Dans le camp opposé, « l’armée régulière est gangrenée par le courant islamiste, qui entretient des liens étroits avec de nombreux officiers et contrôle des milices qui suivent leur propre agenda et ne répondent pas directement aux ordres » du général Al-Bourhane, poursuit-il.


Conflit à mort

Mercredi soir, un nouveau cessez-le-feu d’une journée a été accepté par les deux camps. Les combats ont perdu en intensité, mais se poursuivaient encore sporadiquement dans la capitale. Les deux armées profitent de l’accalmie pour faire bouger leurs hommes et rapatrier des renforts vers la capitale.


Les FAS, qui semblent contrôler les grandes villes dans l’est et le sud du pays, de la mer Rouge aux montagnes du Kordofan, ont dépêché à Khartoum des régiments stationnés jusqu’alors dans la région de Gedaref, à la frontière éthiopienne. Des affrontements ont eu lieu aux alentours d’El-Obeid, au centre, alors que des colonnes de l’armée régulière remontant vers la capitale ont été interceptées par des FSR, qui semblent être bien établies au Darfour.


L’ouest du Soudan est également plongé dans le noir et dans les flammes. Les habitants se retrouvent sous les bombardements des forces rivales, qui se disputent les sites stratégiques de cette région. « El-Fasher est un tas de cendres », résume Huzeifa El-Fil, un habitant de la ville, alors que les FSR ont redoublé leur offensive sur les quartiers généraux des FAS aux abords de la ville. Dans le sud du Darfour, la ville de Nyala est le théâtre de « pillages et d’attaques de miliciens, venus du nord de la ville, notamment de Oum Al-Qura, connu pour être le fief de la famille de Hemetti », qui s’engouffrent dans le sillage des FSR, selon un journaliste travaillant pour l’ONG Darfur Monitors.


Cinq jours après le début des hostilités, aucun camp ne semble prendre l’avantage. Les deux généraux rivaux, qui restent sourds aux appels à la désescalade de la communauté internationale, sont embarqués dans un conflit à mort. Une spirale incontrôlable, alimentée par certains pays voisins, selon les informations du Wall Street Journal. Alors qu’un avion chargé de munitions, affrété par le général libyen Khalifa Haftar, serait parvenu aux FSR, les FAS bénéficieraient d’un appui aérien égyptien pour mener leurs opérations.



Le Monde

Eliott Brachet(Khartoum, correspondance)

Tchad : plus de 300 soldats soudanais désarmés à la frontière par l'ANT



Le général Daoud Yaya, ministre de la défense, était présent lors d'une conférence de presse tenue ce mercredi 19 avril. Au cours de cette conférence, il est revenu sur la situation actuelle au Soudan et a rassuré sur les mesures prises par l'État tchadien pour assurer la sécurité de ses citoyens.



Le ministre a affirmé que le Tchad a mis en place un comité de crise composé de six ministres, y compris le chef d'état-major général des armées, pour faire face aux escalades au Soudan. Il a également déclaré qu'un dispositif sécuritaire avait été mis en place à la frontière pour éviter tout débordement.



Le général Daoud Yaya a ensuite signalé l'arrivée de soldats soudanais à la frontière Tchad-Soudan, mais a assuré que les forces de défense et de sécurité du Tchad avaient réussi à les désarmer, faisant ainsi échec à une éventuelle infiltration. Il a précisé que 320 soldats soudanais avaient été désarmés par les forces tchadiennes.



Le ministre a également évoqué la situation des Tchadiens qui se trouvent actuellement au Soudan. Il a rassuré que le gouvernement avait pris toutes les dispositions pour assurer leur sécurité et les avait invités à se rassembler dans un lieu unique pour faciliter leur prise en charge en cas de besoin. Il a également encouragé les Tchadiens à communiquer avec l'ambassade du Tchad au Soudan grâce au numéro vert mis à leur disposition.



Le général Daoud Yaya a enfin appelé les médias à jouer leur rôle en relayant les informations nécessaires à l'opinion nationale et internationale. Il a souligné que la situation au Soudan ne concernait pas directement le Tchad mais que le pays voisin préférait une solution rapide à cette crise pour éviter une dégradation de la situation à l'ouest du Soudan, ce qui aurait des répercussions sur le Tchad.


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