22 avril 2023

Soudan : fragile accalmie dans les combats à Khartoum



Voilà une semaine que le Soudan fait face à une guerre entre l'armée soudanaise dirigée par le général Abdel Fattah al-Bourhan et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Hemedti. Sept jours d’intenses bombardements et de combats dans tout le pays qui ont déjà fait 413 morts et plus de 3 500 blessés, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il semblerait qu'un premier cessez-le-feu soit suivi depuis vendredi soir 21 avril.



À Khartoum, les habitants ont vécu les fêtes de fin de ramadan sous les bombes. Dès l’aube, vendredi, l’armée régulière a multiplié les raids aériens sur les positions tenues par les paramilitaires dans la capitale. Puis, les forces du général al-Bourhan ont déployé leurs troupes au sol pour tenter de déloger les miliciens. La situation est toujours peu claire. Les FSR ont perdu du terrain, mais gardent le contrôle de nombreux quartiers.


Les deux généraux qui ont plongé le pays dans le chaos rejettent toujours toute négociation. Pour sa première allocution depuis le début de la guerre, le général Abdel Fattah al-Bourhan a affirmé à la télévision nationale qu’il « écrasera militairement » son rival.


Une trêve, mais pas de désescalade


Cependant, le calme régnait vendredi soir à part quelques affrontements sporadiques. Pressés par de nombreuses chancelleries internationales, les forces armées soudanaises ont fini par accepter vendredi un cessez-le-feu de trois jours, proposé la veille par Hemedti. Officiellement, cette trêve est déclarée pour les célébrations de l’Aïd, pour permettre aux civils de panser leurs plaies et d’évacuer les zones de combats. Le cessez-le-feu permettrait également aux ressortissants étrangers d’être évacués. Mais, les Soudanais n’y voient pas une désescalade, ils savent que les deux camps vont se réorganiser, se réarmer, pour reprendre dès que possible leur combat à mort


L'Égypte préoccupée par les combats au Soudan


Le cauchemar des autorités égyptiennes est de se retrouver confronté à un raz de marée humain venu du Soudan, explique Alexandre Buccianti correspondant de RFI au Caire, . En cas de détérioration grave des conditions de vie, la première vague serait composée des centaines de milliers de Soudanais cherchant refuge en Égypte. « La migration vers le nord » comme on l’appelle au Soudan. Un phénomène qui serait impossible à contrôler du fait d’une frontière poreuse de 1 200 km. L’Égypte accueille déjà 2 à 5 millions de Soudanais, selon les estimations. Certains se sont établis du temps où le Soudan était, jusqu’en 1956, une province égyptienne. Les autres sont arrivés au gré des multiples crises économiques et politiques qu’a connus le Soudan. Ce conflit pourrait aussi avoir des conséquences politiques. L’Égypte pourrait perdre un allié précieux dans le différend qui l’oppose à l’Éthiopie sur le barrage du Nil Bleu. Un allié qui pourrait même devenir un adversaire en se rapprochant d’Addis-Abeba.


Avec Eliott Brachet, envoyé spécial à Khartoum

21 avril 2023

L’Inde, une première puissance démographique en quête de miracle économique



D’après les chiffres publiés le 19 avril par les Nations unies, la population de l’Inde dépassera bientôt celle de la Chine. Elle comptera plus de 1,4 milliard d'habitants d'ici à la fin de l'année. Devenir le pays le plus peuplé au monde sera-t-il un avantage ou un frein à sa croissance ?



Une population nombreuse implique un grand marché et une main-d’œuvre fournie. C’est donc a priori favorable à l’économie, à condition que la croissance suive pour assurer un revenu décent à tous les habitants. Les deux géants voisins et rivaux que sont l'Inde et la Chine ont toujours considéré leur démographie surabondante comme un handicap.


Mais être le pays le plus peuplé au monde n'a pas empêché la Chine de devenir, en quarante ans, la deuxième puissance économique mondiale. La volonté de satisfaire les besoins de tout un chacun a même été un aiguillon dans sa fabuleuse progression. L’Inde n’a pas été en mesure de soutenir le rythme. Dans les années 1990, leur PIB par habitant était équivalent. Aujourd’hui, celui de la Chine est de 13 000 dollars. C’est cinq fois moins en Inde, 2 500 dollars seulement.


L’Inde peut-elle rattraper son retard ?

L’an dernier, l’économie indienne a dépassé celle du Royaume-Uni, pour se hisser au cinquième rang mondial. Elle a enregistré une croissance forte en 2022, de l'ordre de 8% et compte encore sur 7% cette année. Elle a donc trouvé un nouvel élan. La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis lui est bénéfique. On pense bien sûr à Apple qui ouvre un magasin et une usine en Inde.


Il n’y aura pas pour autant de miracle indien. Pour rattraper le niveau de richesse de la Chine de 2023, il lui faudrait une croissance de 10% pendant quasiment vingt ans d'affilée. Une prouesse inimaginable avec l'environnement actuel des affaires.


Se moderniser


L'Inde doit se moderniser pour attirer plus d’investissements étrangers et trouver un nouveau modèle, car le rôle de premier atelier du monde est déjà occupé par la Chine qui a développé un avantage compétitif et la rend difficile à rattraper. Depuis l'arrivée au pouvoir de Narendra Modi, les routes, les autoroutes ou les aéroports ont poussé comme des champignons. Mais cela ne suffit pas pour convaincre les investisseurs.


La logistique est encore insuffisante, inférieure à celle de la Chine, la main-d’œuvre indienne est moins chère, mais nettement moins productive qu’en Chine et le protectionnisme ambiant rebute les investisseurs. Résultat, l’Inde ne créée pas assez d’emplois pour sa jeunesse. Le taux de chômage grimpe à 40% chez les moins de 25 ans. Ce n’est pas nouveau, mais le problème va devenir encore plus aigu, car les moins de 25 ans représentent presque la moitié de la population.


Atout démographique relatif


Disposer d’une population jeune et éduquée est un avantage envié par tous les pays industrialisés, Chine comprise, confrontés au déclin de leur population active. Mais quand cette classe d’âge ne parvient pas à s’insérer dans la vie active, cet atout peut se transformer en calamité, en creuset d'inégalités, de frustration et de troubles sociaux.


Ce sous-emploi indien n'a pas que des causes économiques. Seulement deux femmes sur dix travaillent en Inde, contre six sur dix en Chine. Les emplois qu’on leur propose sont sous-payés, elles préfèrent donc rester à la maison. Mais la majorité d’entre elles n’a même pas ce choix. C’est sous la pression des maris qu’elles renoncent à la vie active. L’emploi des femmes est pourtant une des clés de la croissance, un constat qui se vérifie dans le monde entier.


RFI 

Tchad | une campagne de sensibilisation du Projet RENFORT lancée dans les zones rurales du Salamat

Le Secrétaire général de la province du Salamat Maab Mara, représentant le gouverneur a officialisé ce mercredi 9 octobre 2024, l'ouvert...