28 avril 2023

Soudan | la capitale Khartoum et le Darfour en proie au chaos des violences, en dépit de la trêve



Les troupes des deux généraux en guerre pour le pouvoir échangent des tirs à la mitrailleuse et à l’arme lourde, rapportent des témoins à l’Agence France-Presse, en dépit de la trêve de soixante-douze heures conclue sous l’égide des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite.



Les combats meurtriers opposant des paramilitaires à l’armée sont entrés, jeudi 27 avril, dans leur treizième jour au Soudan où la capitale, Khartoum, et la région du Darfour sont désormais en proie au chaos des bombes malgré un cessez-le-feu.

Des avions militaires survolent la banlieue nord de Khartoum où les troupes des deux généraux en guerre pour le pouvoir échangent des tirs à la mitrailleuse et à l’arme lourde, rapportent des témoins à l’Agence France-Presse (AFP), en dépit de la trêve de soixante-douze heures conclue sous l’égide des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite, qui a débuté mardi. Les violences ont fait au moins huit morts pour la seule journée de mercredi, selon le syndicat des médecins.

Les nombreuses tentatives de faire taire les armes ont échoué depuis que le conflit a débuté, le 15 avril, entre l’armée du général Abdel Fattah Al-Bourhane, et les très redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti ».

Mercredi soir, l’armée a annoncé avoir accepté d’envoyer un représentant à Juba, la capitale du Soudan du Sud voisin, pour des pourparlers avec les FSR, « à l’initiative de l’IGAD », bloc régional d’Afrique de l’Est. Le général Bourhane a dit accepter de discuter d’une prolongation de la trêve qui a été globalement peu respectée et doit s’achever jeudi à minuit. Les paramilitaires n’ont, de leur côté, pas commenté cette initiative régionale.

Selon le ministère de la santé soudanais, au moins 512 personnes ont été tuées et 4 193 blessées depuis le début du conflit, mais le bilan est vraisemblablement beaucoup plus élevé. La situation à Khartoum est « extrêmement mauvaise », raconte à l’AFP Chaaban, un ressortissant syrien qui attend son évacuation depuis Port-Soudan : « On veut juste aller en toute sécurité à Jeddah [en Arabie saoudite] ou en Syrie. On veut juste quitter le Soudan. »


« Votre guerre, pas la nôtre »


Au-delà de la capitale, les violences déchirent depuis le début du conflit d’autres régions, notamment le Darfour occidental. Pillages, meurtres et incendies de maisons ont lieu à El-Geneina, chef-lieu de cette région frontalière du Tchad et théâtre dans les années 2000 d’une guerre particulièrement sanglante. Quelque 50 000 enfants « souffrant de malnutrition aiguë » y sont privés d’aide alimentaire, alertent les Nations unies, qui ont dû interrompre leurs activités après la mort de cinq humanitaires.

Les combats ont provoqué un exode massif dans ce pays de quarante-cinq millions d’habitants, l’un des plus pauvres au monde. En route vers la frontière avec l’Egypte voisine, Achraf, un Soudanais fuyant Khartoum, appelle les deux généraux à « cesser la guerre ». « C’est votre guerre, pas celle du peuple soudanais », dit cet homme de 50 ans, rencontré par l’AFP dans le désert.

Ceux restés au Soudan doivent composer avec les pénuries de nourriture, d’eau et d’électricité ainsi que les coupures d’Internet et des lignes téléphoniques. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont déjà arrivées dans les pays frontaliers, notamment en Egypte au nord et en Ethiopie à l’est, selon l’ONU. Et, quelque 270 000 personnes pourraient fuir au Tchad et au Soudan du Sud.


« Partez maintenant »


Ces derniers jours, plusieurs pays ont organisé des évacuations. Mercredi, la marine française a encore évacué près de quatre cents personnes de différentes nationalités, alors que la Chine a dépêché des navires pour venir en aide à ses ressortissants et a déjà secouru mille trois cents de ses ressortissants et des citoyens de cinq autres pays, a annoncé jeudi le ministère des affaires étrangères chinois.


Ce pays d’Afrique du Nord-Est est en plein chaos depuis la mi-avril, en raison de combats pour le pouvoir entre armée et paramilitaires. Combats qui ont déjà fait des centaines de morts et provoqué de graves pénuries d’eau, de nourriture, de médicaments et de carburant. De nombreux pays cherchent à évacuer leurs ressortissants par les voies maritime, aérienne ou terrestre. Ces opérations se sont intensifiées cette semaine, un cessez-le-feu de soixante-douze heures étant entré en vigueur mardi. Londres a, de son côté, appelé ses concitoyens à « partir maintenant », avant la fin du cessez-le-feu, relativement respecté dans les couloirs d’évacuation.


Jusqu’ici, quatorze hôpitaux ont été bombardés, selon le syndicat des médecins, et dix-neuf autres ont été abandonnés de force à cause de tirs, de manque de matériel et de personnel ou parce que des combattants y avaient pris leurs quartiers. Dans le chaos général, des centaines de détenus se sont évadés de trois prisons, en particulier l’établissement de haute sécurité de Kober, qui accueillait le premier cercle de l’ancien dictateur Omar Al-Bachir, poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » au Darfour.

Détenu dans un hôpital militaire en raison de son état de santé, selon l’armée, l’ex-président Bachir, âgé de 79 ans, a été limogé par l’armée en avril 2019 sous la pression d’un grand soulèvement populaire. Douchant les espoirs d’une transition démocratique, les deux généraux avaient évincé ensemble les civils du pouvoir en 2021, avant d’entrer en guerre, ne parvenant pas à s’accorder sur l’intégration des paramilitaires à l’armée.


Le Monde

Soudan | Malgré la trêve, les violents combats continuent à Khartoum et au Darfour



Le cessez le feu de trois jours n’a quasiment pas été respecté au Soudan, où les combats meurtriers entre l’armée et des paramilitaires durent depuis treize jours. Les habitants de Khartoum ont subi d'intenses bombardements, jeudi 27 avril 2023, tandis que le Darfour est en proie aux pillages et aux destructions.



La violence a franchi jeudi 27 avril 2023 un nouveau palier au Soudan avec des destructions et des pillages au Darfour et d’intenses bombardements à Khartoum au treizième jour d’un conflit entre l’armée et des paramilitaires ayant déjà fait des centaines de morts.


Quelques heures avant l’expiration jeudi à minuit (22 h GMT) d’un cessez-le-feu de trois jours qui n’a quasiment pas été respecté, l’armée a annoncé jeudi soir « prolonger de 72 heures supplémentaires » le cessez-le-feu, « suite à une initiative de l’Arabie saoudite et des États-Unis ».


Les paramilitaires n’ont pour le moment pas commenté cette annonce.


L’armée avait annoncé plus tôt avoir accepté d’envoyer un représentant à Juba, la capitale du Soudan du Sud voisin, pour des pourparlers avec les paramilitaires en vue d’une prolongation de la trêve. Les paramilitaires n’avaient pas non plus réagi.



Les violences s'intensifient au Darfour


Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait de son côté assuré travailler « activement » au prolongement de la trêve qui, si elle a permis l’évacuation de centaines d’étrangers et de milliers de Soudanais, n’a pas empêché Khartoum d’être pilonnée par avions et artillerie lourde en continu.


« J’entends des bombardements intenses à l’extérieur de chez moi », rapporte ainsi jeudi soir à l’AFP un habitant de Khartoum.


Les combats qui opposent, depuis le 15 avril, l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane, aux très redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti », ont fait plus de 500 morts et des milliers de blessés, selon le ministère soudanais de la Santé.


Au Darfour, région reculée dont l’accès est aujourd’hui impossible, les violences s’intensifient, notamment à El-Geneina, capitale du Darfour-Ouest.


« Hôpitaux, bâtiments publics et centres de soin ont été sévèrement endommagés et il y a des pillages à chaque coin de rue », confie à l’AFP un habitant d’El-Geneina.


« On est bloqués chez nous, on a trop peur de sortir donc on ne connaît pas l’ampleur exacte des destructions », ajoute-t-il encore.


« Des armes sont distribuées » à des civils


Peu d’informations filtrent de cette région frontalière du Tchad et théâtre dans les années 2000 d’une guerre particulièrement sanglante. Mais des médecins prodémocratie ont déjà annoncé la mort d’un de leurs confrères dans ces violences.


L’ONU fait état depuis plusieurs jours « d’attaques contre les civils, de pillages et d’incendies de maisons ». Plus dangereux encore, affirme l’organisation, « des armes sont distribuées » à des civils.


Ces affrontements rendent encore plus précaire la vie des habitants de la région, l’une des plus pauvres du pays où 50 000 enfants « souffrant de malnutrition aiguë » sont privés d’aide alimentaire depuis que l’ONU a interrompu ses activités après la mort de cinq humanitaires.


« La violence, l’interruption du fonctionnement de nombreux hôpitaux et dispensaires, l’accès limité à l’eau potable, les pénuries alimentaires et le déplacement forcé des populations » constituent « les plus grands risques pour la santé au Soudan » alerte de son côté l’Organisation mondiale pour la santé (OMS).


Les combats ont provoqué un exode massif dans ce pays de 45 millions d’habitants, l’un des plus pauvres au monde.


Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont déjà arrivées dans les pays frontaliers : le Tchad à l’ouest, l’Éthiopie à l’est, le Soudan du Sud et la Centrafrique au sud et l’Égypte au nord.


Pénuries de nourriture, d’eau et d’électricité


Ces derniers jours, plusieurs autres pays ont organisé des évacuations par voie maritime ou aérienne. Plus de 200 Irakiens ont atterri notamment jeudi à Bagdad, évacués à bord de deux avions envoyés par le gouvernement irakien. Un nouveau navire saoudien est arrivé en soirée dans la ville portuaire de Jeddah, dans l’ouest du royaume, portant à 2 744 le nombre total de personnes évacuées par Ryad.


Ceux restés au Soudan dans les zones de combat doivent composer avec les pénuries de nourriture, d’eau et d’électricité ainsi que les coupures d’internet et des lignes téléphoniques.


Quatorze hôpitaux ont été bombardés, selon le syndicat des médecins, et 19 autres ont été évacués de force à cause de tirs, de manque de matériel et de personnel ou parce que des combattants y avaient pris leurs quartiers.


Dans le chaos général, des centaines de détenus se sont évadés de trois prisons, en particulier Kober, où était détenu le premier cercle de l’ancien dictateur Omar el-Béchir, dont plusieurs hommes recherchés par la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » au Darfour.


Limogé par l’armée en avril 2019 sous la pression d’un soulèvement populaire, M. Béchir est toujours détenu, selon l’armée, dans un hôpital militaire.


Douchant les espoirs d’une transition démocratique, les deux généraux avaient évincé ensemble les civils du pouvoir lors d’un putsch en 2021, avant d’entrer en guerre, ne parvenant pas à s’accorder sur l’intégration des paramilitaires à l’armée.



Ouest-France

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