28 avril 2023

Soudan | Violents combats malgré une prolongation de la trêve



De violents combats se poursuivent vendredi à Khartoum et surtout dans la région du Darfour, malgré une prolongation de la trêve au Soudan entre l'armée et les paramilitaires engagés dans une guerre ayant fait plus de 500 morts en près de deux semaines.



A El-Geneina, chef-lieu du Darfour-Ouest, 74 personnes ont été tuées durant les deux premiers jours de combats lundi et mardi, a rapporté le syndicat des médecins dans un bilan provisoire, les morts des derniers jours n'ayant pu être comptabilisés dans la mesure où l'ensemble des hôpitaux sont "hors service".


Dans la nuit de jeudi à vendredi, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti", ont approuvé une prolongation de 72 heures de la trêve de trois jours qui n'a quasiment jamais été respectée par les deux camps.


Au Darfour, "la situation est toujours très tendue", raconte à l'AFP un habitant d'El-Geneina: "C'était un jour très difficile hier. Les marchés ont été pillés et il n'y a donc plus de nourriture".


Selon lui, plusieurs immeubles et des camps de déplacés ont été "gravement endommagés" et l'électricité est "coupée depuis lundi".


Avocats et médecins tirent la sonnette d'alarme pour cette région située à la frontière avec le Tchad. A El-Geneina, des combattants ont sorti "mitraillettes, mitrailleuses lourdes et machines de tirs antiaériens" et "tirent des roquettes sur des maisons", rapporte l'ordre des avocats du Darfour.


"Burhane et Hemedti doivent immédiatement arrêter cette guerre stupide qui se fait sur le dos des civils", a-t-il exhorté.


L'ONU indique de son côté que "des armes sont distribuées" aux civils. A Genève, son Haut-Commissariat aux droits de l'homme a prévenu que le conflit ravivait des affrontements ethniques au Darfour-Ouest, se disant "préoccupé par la perspective de nouvelles violences, dans un climat d'impunité généralisée".


"Débordements déjà visibles"

Les premières évacuations d'expatriés de l'ONU et d'organisations humanitaires au Darfour ont débuté lundi. Peu après, les violences se sont accrues, assure le syndicat des médecins évoquant un "massacre".

Quelque 50.000 enfants "souffrant de malnutrition aiguë" y sont privés d'aide alimentaire, avertit l'ONU qui y a suspendu ses activités après la mort de cinq humanitaires.


Peu d'informations filtrent de cette région où une guerre civile déclenchée en 2003 entre le régime d'Omar el-Béchir, déchu en 2019, et des insurgés issus de minorités ethniques a fait environ 300.000 morts et près de 2,5 millions de déplacés, selon l'ONU.

Les belligérants continuent de s'accuser mutuellement de violer la trêve. L'armée a même dénoncé des tirs des FSR sur un avion militaire turc venu évacuer des ressortissants. Ankara a confirmé cette information, précisant que les tirs n'avaient fait aucun blessé, selon l'agence étatique Anadolu.

Sur le front diplomatique, les deux généraux ont chacun déclaré avoir eu des échanges avec des dirigeants des Etats-Unis, de l'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de l'Ethiopie ou du Soudan du Sud. Le ministère des Affaires étrangères de ce dernier s'inquiète des "débordements déjà visibles" du conflit, notamment avec l'afflux de "réfugiés" dans les pays voisins.

Un représentant du général Burhane est attendu samedi au Caire pour rencontrer le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukry.

Douchant les espoirs d'une transition démocratique, les deux généraux avaient évincé ensemble les civils du pouvoir lors d'un putsch en 2021. Depuis, ils ne sont pas parvenus à s'accorder sur l'intégration des paramilitaires dans l'armée avant de finalement entrer en guerre le 15 avril. Les combats ont fait également des milliers de blessés.


"Faciliter les transits"

A Khartoum, les cinq millions d'habitants sont privés d'eau courante et d'électricité ainsi que, souvent, d'internet et de téléphone.

L'essence et l'argent liquide commencent aussi à manquer.

Les combats ont ainsi provoqué un exode massif dans ce pays de 45 millions d'habitants, l'un des plus pauvres au monde. L'Union africaine appelle à "faciliter le transit" de ces civils.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes se trouvent déjà dans les pays frontaliers, notamment le Tchad à l'ouest et l'Egypte au nord.

Au total, 270.000 personnes pourraient fuir au Tchad et au Soudan du Sud, selon l'ONU.

Plusieurs pays occidentaux, notamment les Etats-Unis, la France, le Canada et le Royaume-Uni, ont continué à évacuer de centaines de personnes.

La Chine a annoncé avoir évacué la plupart de ses ressortissants.

Un nouveau navire saoudien est arrivé vendredi à Jeddah (ouest), portant à 2.991 le nombre de personnes évacuées par Ryad, qui a accueilli l'essentiel des étrangers ayant quitté le Soudan par la mer.


©Le Point et AFP

Soudan | Le maréchal Haftar a-t-il allumé l'étincelle du conflit entre généraux ?


Le 12 avril dernier, juste un jour avant le début des affrontements au Soudan entre l'armée régulière et les paramilitaires, l'un des fils du maréchal libyen Khalifa Haftar était en mission à Khartoum. Officiellement, il faisait suite à sa nomination en tant que président d’honneur du deuxième plus grand club de foot dans la capitale soudanaise. Mais le soir même, il a rencontré le général Hemedti, chef des forces de soutien rapide qui soutient le même club. Al-Siddik Haftar a diné chez lui à Khartoum. Selon The Observer, il lui aurait transmis des informations confidentielles, révélant que l'armée planifiait d’attaquer les Forces de soutien rapide.


L'Égypte allait-elle aider l'armée soudanaise à mener une attaque contre les Forces de soutien rapide ? La question se pose à la lumière des derniers événements avant le début des hostilités au Soudan. Dès le 13 avril, le lendemain de la rencontre entre Al-Siddik Haftar et le général Hemedti - et les confidences qui lui ont été faits - ce dernier attaque la base militaire Merowe située au nord du Soudan.

Sur cette base stationnaient des soldats et des avions militaires égyptiens, officiellement pour des manœuvres militaires communes. Les soldats ont alors été détenus et humiliés avant d'être libérés après une médiation émiratie. S'ensuit à cela des combats qui éclatent le 15 avril entre l'armée soudanaise et les Forces de soutien rapide à Khartoum et dans plusieurs autres villes.

Al-Siddik Haftar a beau répété que sa mission à Khartoum n'avait rien de politique, personne en Libye n'y croit. De nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer l'ingérence de Khalifa Haftar dans la crise soudanaise.  Cette intervention au Soudan, inquiète également plusieurs généraux de son armée (l'ANL). Ce soutien à Hemedti pourrait bien porter atteinte aux rapports que cette armée entretiennent avec l'Égypte, allié de Haftar par ailleurs.

Relations anciennes entre l'ANL et le FSR

Les relations entre l'homme fort de l'est libyen et le chef des Forces de soutien rapide remontent bien à une période précédant la chute d'Omar el-Béchir. Néanmoins, elles ont pris un tournant important lors de la guerre menée par Khalifa Haftar en 2019 pour le contrôle de Tripoli. Hemedti lui a prêté main forte en envoyant des centaines d'hommes combattre aux côtés de l'ANL.

Certains sont restés à l'est libyen et ils auraient été entrainés par les soldats de Wagner tout comme les rebelles tchadiens présents dans le sud libyen et qui avaient mené une opération au Tchad en 2021, opération s'étant soldée par la mort sur le champ de bataille du général Idriss Déby.

Selon le Wall Street Journal, l'homme fort de l'est libyen enverrait du renfort en armes, en munitions et en carburant à son allié soudanais. Depuis le début des combats, des images circulent sur les réseaux sociaux montrant des armes portant le sigle des Émirats arabes unis et qui auraient été abandonnés sur le terrain par les forces de Hemedti. Ses armes seraient envoyées de Libye.

Les deux généraux Hemedti et Haftar sont soutenus par les Émirats arabes unis, et sont également impliqués dans différentes sortes de trafics transfrontaliers, surtout d'or et d'uranium extraits illégalement en Libye et au Soudan.

Le groupe Wagner derrière Haftar en Libye ?

De nombreux médias américains ont récemment repris des documents secrets américains qui ont fuité. Ces documents démontrent l’étendu de l’influence de Wagner en Afrique et particulièrement en Libye. Ses forces utilisent depuis des années des bases aériennes dans le sud libyen sous contrôle de Khalifa Haftar. Des images satellites montrent un mouvement inhabituel dans ces bases depuis quelques jours.

L'implication de parties étrangères au Soudan fait craindre un conflit de longue durée alimenté par des intérêts extérieurs. Les analystes mettent en garde contre un scénario catastrophique où de multiples acteurs et pouvoirs régionaux mènent une guerre par procuration dans ce pays de plus de 45 millions d'habitants.


Source (RFI)

Soudan | la capitale Khartoum et le Darfour en proie au chaos des violences, en dépit de la trêve



Les troupes des deux généraux en guerre pour le pouvoir échangent des tirs à la mitrailleuse et à l’arme lourde, rapportent des témoins à l’Agence France-Presse, en dépit de la trêve de soixante-douze heures conclue sous l’égide des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite.



Les combats meurtriers opposant des paramilitaires à l’armée sont entrés, jeudi 27 avril, dans leur treizième jour au Soudan où la capitale, Khartoum, et la région du Darfour sont désormais en proie au chaos des bombes malgré un cessez-le-feu.

Des avions militaires survolent la banlieue nord de Khartoum où les troupes des deux généraux en guerre pour le pouvoir échangent des tirs à la mitrailleuse et à l’arme lourde, rapportent des témoins à l’Agence France-Presse (AFP), en dépit de la trêve de soixante-douze heures conclue sous l’égide des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite, qui a débuté mardi. Les violences ont fait au moins huit morts pour la seule journée de mercredi, selon le syndicat des médecins.

Les nombreuses tentatives de faire taire les armes ont échoué depuis que le conflit a débuté, le 15 avril, entre l’armée du général Abdel Fattah Al-Bourhane, et les très redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti ».

Mercredi soir, l’armée a annoncé avoir accepté d’envoyer un représentant à Juba, la capitale du Soudan du Sud voisin, pour des pourparlers avec les FSR, « à l’initiative de l’IGAD », bloc régional d’Afrique de l’Est. Le général Bourhane a dit accepter de discuter d’une prolongation de la trêve qui a été globalement peu respectée et doit s’achever jeudi à minuit. Les paramilitaires n’ont, de leur côté, pas commenté cette initiative régionale.

Selon le ministère de la santé soudanais, au moins 512 personnes ont été tuées et 4 193 blessées depuis le début du conflit, mais le bilan est vraisemblablement beaucoup plus élevé. La situation à Khartoum est « extrêmement mauvaise », raconte à l’AFP Chaaban, un ressortissant syrien qui attend son évacuation depuis Port-Soudan : « On veut juste aller en toute sécurité à Jeddah [en Arabie saoudite] ou en Syrie. On veut juste quitter le Soudan. »


« Votre guerre, pas la nôtre »


Au-delà de la capitale, les violences déchirent depuis le début du conflit d’autres régions, notamment le Darfour occidental. Pillages, meurtres et incendies de maisons ont lieu à El-Geneina, chef-lieu de cette région frontalière du Tchad et théâtre dans les années 2000 d’une guerre particulièrement sanglante. Quelque 50 000 enfants « souffrant de malnutrition aiguë » y sont privés d’aide alimentaire, alertent les Nations unies, qui ont dû interrompre leurs activités après la mort de cinq humanitaires.

Les combats ont provoqué un exode massif dans ce pays de quarante-cinq millions d’habitants, l’un des plus pauvres au monde. En route vers la frontière avec l’Egypte voisine, Achraf, un Soudanais fuyant Khartoum, appelle les deux généraux à « cesser la guerre ». « C’est votre guerre, pas celle du peuple soudanais », dit cet homme de 50 ans, rencontré par l’AFP dans le désert.

Ceux restés au Soudan doivent composer avec les pénuries de nourriture, d’eau et d’électricité ainsi que les coupures d’Internet et des lignes téléphoniques. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont déjà arrivées dans les pays frontaliers, notamment en Egypte au nord et en Ethiopie à l’est, selon l’ONU. Et, quelque 270 000 personnes pourraient fuir au Tchad et au Soudan du Sud.


« Partez maintenant »


Ces derniers jours, plusieurs pays ont organisé des évacuations. Mercredi, la marine française a encore évacué près de quatre cents personnes de différentes nationalités, alors que la Chine a dépêché des navires pour venir en aide à ses ressortissants et a déjà secouru mille trois cents de ses ressortissants et des citoyens de cinq autres pays, a annoncé jeudi le ministère des affaires étrangères chinois.


Ce pays d’Afrique du Nord-Est est en plein chaos depuis la mi-avril, en raison de combats pour le pouvoir entre armée et paramilitaires. Combats qui ont déjà fait des centaines de morts et provoqué de graves pénuries d’eau, de nourriture, de médicaments et de carburant. De nombreux pays cherchent à évacuer leurs ressortissants par les voies maritime, aérienne ou terrestre. Ces opérations se sont intensifiées cette semaine, un cessez-le-feu de soixante-douze heures étant entré en vigueur mardi. Londres a, de son côté, appelé ses concitoyens à « partir maintenant », avant la fin du cessez-le-feu, relativement respecté dans les couloirs d’évacuation.


Jusqu’ici, quatorze hôpitaux ont été bombardés, selon le syndicat des médecins, et dix-neuf autres ont été abandonnés de force à cause de tirs, de manque de matériel et de personnel ou parce que des combattants y avaient pris leurs quartiers. Dans le chaos général, des centaines de détenus se sont évadés de trois prisons, en particulier l’établissement de haute sécurité de Kober, qui accueillait le premier cercle de l’ancien dictateur Omar Al-Bachir, poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » au Darfour.

Détenu dans un hôpital militaire en raison de son état de santé, selon l’armée, l’ex-président Bachir, âgé de 79 ans, a été limogé par l’armée en avril 2019 sous la pression d’un grand soulèvement populaire. Douchant les espoirs d’une transition démocratique, les deux généraux avaient évincé ensemble les civils du pouvoir en 2021, avant d’entrer en guerre, ne parvenant pas à s’accorder sur l’intégration des paramilitaires à l’armée.


Le Monde

Soudan | Malgré la trêve, les violents combats continuent à Khartoum et au Darfour



Le cessez le feu de trois jours n’a quasiment pas été respecté au Soudan, où les combats meurtriers entre l’armée et des paramilitaires durent depuis treize jours. Les habitants de Khartoum ont subi d'intenses bombardements, jeudi 27 avril 2023, tandis que le Darfour est en proie aux pillages et aux destructions.



La violence a franchi jeudi 27 avril 2023 un nouveau palier au Soudan avec des destructions et des pillages au Darfour et d’intenses bombardements à Khartoum au treizième jour d’un conflit entre l’armée et des paramilitaires ayant déjà fait des centaines de morts.


Quelques heures avant l’expiration jeudi à minuit (22 h GMT) d’un cessez-le-feu de trois jours qui n’a quasiment pas été respecté, l’armée a annoncé jeudi soir « prolonger de 72 heures supplémentaires » le cessez-le-feu, « suite à une initiative de l’Arabie saoudite et des États-Unis ».


Les paramilitaires n’ont pour le moment pas commenté cette annonce.


L’armée avait annoncé plus tôt avoir accepté d’envoyer un représentant à Juba, la capitale du Soudan du Sud voisin, pour des pourparlers avec les paramilitaires en vue d’une prolongation de la trêve. Les paramilitaires n’avaient pas non plus réagi.



Les violences s'intensifient au Darfour


Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait de son côté assuré travailler « activement » au prolongement de la trêve qui, si elle a permis l’évacuation de centaines d’étrangers et de milliers de Soudanais, n’a pas empêché Khartoum d’être pilonnée par avions et artillerie lourde en continu.


« J’entends des bombardements intenses à l’extérieur de chez moi », rapporte ainsi jeudi soir à l’AFP un habitant de Khartoum.


Les combats qui opposent, depuis le 15 avril, l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane, aux très redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti », ont fait plus de 500 morts et des milliers de blessés, selon le ministère soudanais de la Santé.


Au Darfour, région reculée dont l’accès est aujourd’hui impossible, les violences s’intensifient, notamment à El-Geneina, capitale du Darfour-Ouest.


« Hôpitaux, bâtiments publics et centres de soin ont été sévèrement endommagés et il y a des pillages à chaque coin de rue », confie à l’AFP un habitant d’El-Geneina.


« On est bloqués chez nous, on a trop peur de sortir donc on ne connaît pas l’ampleur exacte des destructions », ajoute-t-il encore.


« Des armes sont distribuées » à des civils


Peu d’informations filtrent de cette région frontalière du Tchad et théâtre dans les années 2000 d’une guerre particulièrement sanglante. Mais des médecins prodémocratie ont déjà annoncé la mort d’un de leurs confrères dans ces violences.


L’ONU fait état depuis plusieurs jours « d’attaques contre les civils, de pillages et d’incendies de maisons ». Plus dangereux encore, affirme l’organisation, « des armes sont distribuées » à des civils.


Ces affrontements rendent encore plus précaire la vie des habitants de la région, l’une des plus pauvres du pays où 50 000 enfants « souffrant de malnutrition aiguë » sont privés d’aide alimentaire depuis que l’ONU a interrompu ses activités après la mort de cinq humanitaires.


« La violence, l’interruption du fonctionnement de nombreux hôpitaux et dispensaires, l’accès limité à l’eau potable, les pénuries alimentaires et le déplacement forcé des populations » constituent « les plus grands risques pour la santé au Soudan » alerte de son côté l’Organisation mondiale pour la santé (OMS).


Les combats ont provoqué un exode massif dans ce pays de 45 millions d’habitants, l’un des plus pauvres au monde.


Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont déjà arrivées dans les pays frontaliers : le Tchad à l’ouest, l’Éthiopie à l’est, le Soudan du Sud et la Centrafrique au sud et l’Égypte au nord.


Pénuries de nourriture, d’eau et d’électricité


Ces derniers jours, plusieurs autres pays ont organisé des évacuations par voie maritime ou aérienne. Plus de 200 Irakiens ont atterri notamment jeudi à Bagdad, évacués à bord de deux avions envoyés par le gouvernement irakien. Un nouveau navire saoudien est arrivé en soirée dans la ville portuaire de Jeddah, dans l’ouest du royaume, portant à 2 744 le nombre total de personnes évacuées par Ryad.


Ceux restés au Soudan dans les zones de combat doivent composer avec les pénuries de nourriture, d’eau et d’électricité ainsi que les coupures d’internet et des lignes téléphoniques.


Quatorze hôpitaux ont été bombardés, selon le syndicat des médecins, et 19 autres ont été évacués de force à cause de tirs, de manque de matériel et de personnel ou parce que des combattants y avaient pris leurs quartiers.


Dans le chaos général, des centaines de détenus se sont évadés de trois prisons, en particulier Kober, où était détenu le premier cercle de l’ancien dictateur Omar el-Béchir, dont plusieurs hommes recherchés par la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » au Darfour.


Limogé par l’armée en avril 2019 sous la pression d’un soulèvement populaire, M. Béchir est toujours détenu, selon l’armée, dans un hôpital militaire.


Douchant les espoirs d’une transition démocratique, les deux généraux avaient évincé ensemble les civils du pouvoir lors d’un putsch en 2021, avant d’entrer en guerre, ne parvenant pas à s’accorder sur l’intégration des paramilitaires à l’armée.



Ouest-France

27 avril 2023

Tchad | nomination d'un membre du gouvernement d'union nationale



Par Décret N°0773 du 27 avril 2023, Monsieur IDRISS YOUSSOUF BOY est nommé Ministre, Directeur du Cabinet Civil à la Présidence de la République.

25 avril 2023

Tchad | la Semaine africaine de vaccination lancée dans la province du Salamat



La délégation provinciale de la santé et de la prévention du Salamat, a organisé ce mardi 25 avril 2023, le lancement officiel de la Semaine africaine de vaccination. C'était au cours d'une cérémonie tenue dans les locaux du Centre de santé Am-Timan nord, sous les auspices du gouverneur Abdoulaye Ibrahim Siam. 




Lors de son mot de bienvenue, la déléguée provinciale de la santé et de la prévention du Salamat, Dr Habiba Abdoulaye Affadine lance un appel aux autorités administratives civiles et militaires ainsi qu'aux responsables des associations civiles non gouvernementales de s’impliquer dans les activités de la mobilisation sociale et de la gestion des cas des refus pour que cette campagne soit une réussite.



Intervenant au nom des partenaires techniques et financiers, le consultant OMS, Dr Djounfoune ARNAUD informe de la disponibilité des partenaires à apporter leur appui au gouvernement pour améliorer la santé de la population tchadienne. 



Lançant les activités de la semaine, le gouverneur du Salamat, Abdoulaye Ibrahim Siam, précise que la Semaine africaine de vaccination a pour objectif de contribuer à la réduction de la morbidité et la mortalité liées aux maladies évitables par la vaccination. 



Concernant sa province, Abdoulaye Ibrahim Siam souligne que les indicateurs consacrés à la vaccination sont faibles et le taux d'abandon est très élevé malgré l'amélioration des indicateurs, ces deux dernières années plaçant ainsi le Salamat au 8ème rang sur les 23 provinces du Tchad. 



Le coup d'envoi de la vaccination est officiellement donné par l'autorité provinciale en administrant la dose de vaccin à un enfant.

24 avril 2023

Tchad | la délégation sanitaire du Salamat se prépare pour la Semaine africaine de la vaccination



Le gouverneur de la province du Salamat, Abdoulaye Ibrahim Siam a présidé ce lundi 24 avril 2023, une réunion de plaidoyer pour la Semaine africaine de la vaccination (SAV). C'était en présence des autorités provinciales civiles et militaires, ainsi que les représentants de la société civile. 




La délégation provinciale de la santé et de la prévention du Salamat, organisera du 24 au 30 avril 2023, la Semaine africaine de la vaccination sur toute l'étendue de ladite province. L'objectif principal de cet événement s'inscrit dans le cadre de la réduction de la morbidité et de la mortalité liées aux maladies évitables par la vaccination.



Dès l'entame de la rencontre, le gouverneur Abdoulaye Ibrahim Siam fait savoir que la vaccination joue un rôle important pour la santé de l'homme. Pour lui, une personne vaccinée développe une immunité contre beaucoup de maladies. Il ajoute que vu l'importance que procure la vaccination, les indicateurs consacrés à la vaccination dans la province sont faibles et les taux d'abandons sont en augmentation. 



Intervenant à son tour, la Déléguée provinciale de la santé et de prévention du Salamat, Dr Habiba Abdoulaye Affadine, notifie que la Semaine africaine de la vaccination met en avance l'importance d'une communication de masse et aussi une offre importante des services de vaccination à travers l'Intensification périodique de la vaccination systématique (IPVS) afin de réduire les zéro doses et ou incomplètement vaccinés. 



Selon elle, le succès de tout vaccin et son déploiement commencent et se terminent par la communauté. Plusieurs participants ont pris part au débat pour échanger avec les techniciens sanitaires afin d'être mieux informés sur le sujet. Ils ont pris l'engagement d'informer la population pour une prise de conscience.


22 avril 2023

Tchad | des kits alimentaires remis aux vulnérables de 9 villages par l'association Al-Kheir pour le développement (ASAD)



Pendant le mois de ramadan, une vaste opération de distribution des kits alimentaires destinés aux vulnérables de plusieurs villages de la sous-préfecture de Djouna, est planifiée par la coordination nationale de l'Association Al-Kheir pour le développement.




La troisième phase de cette opération, a eu lieu à la veille de l'Aïd El-Fitr Al-Moubarak, précisément le jeudi 20 avril 2023. Comme prévu par les organisateurs de ce geste à caractère humanitaire, trois villages sont programmés pour la troisième et dernière phase du mois de Ramadan. 



Il s'agit de  Karé, Khichékhich et Goz-Abdanab. Les personnes vulnérables résidant dans ces villages, ont reçu officiellement des kits composés des vivres essentiels aux personnes démunies de la zone qui traversent certainement des moments difficiles en ce temps où les prix sont trop élevés sur les marchés. 



Le coordonnateur national, Abdoulaye Abderahim se félicite de cette action et remercie les membres de l'organisation qui ont bien voulu apporter leur modeste contribution pour aider les démunis en cette période de ramadan. 



Tout en espérant apporter d'autres assistances de premier secours dans la zone, Abdoulaye Abderahim lance un appel aux personnes de bonne volonté pour venir en aide aide à cette population qui mérite un appui multiforme. 



Très satisfaits d'avoir été assistés par l'Association Al-Kheir pour le développement, les bénéficiaires ont remercié les membres de cette organisation.

Soudan : fragile accalmie dans les combats à Khartoum



Voilà une semaine que le Soudan fait face à une guerre entre l'armée soudanaise dirigée par le général Abdel Fattah al-Bourhan et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Hemedti. Sept jours d’intenses bombardements et de combats dans tout le pays qui ont déjà fait 413 morts et plus de 3 500 blessés, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il semblerait qu'un premier cessez-le-feu soit suivi depuis vendredi soir 21 avril.



À Khartoum, les habitants ont vécu les fêtes de fin de ramadan sous les bombes. Dès l’aube, vendredi, l’armée régulière a multiplié les raids aériens sur les positions tenues par les paramilitaires dans la capitale. Puis, les forces du général al-Bourhan ont déployé leurs troupes au sol pour tenter de déloger les miliciens. La situation est toujours peu claire. Les FSR ont perdu du terrain, mais gardent le contrôle de nombreux quartiers.


Les deux généraux qui ont plongé le pays dans le chaos rejettent toujours toute négociation. Pour sa première allocution depuis le début de la guerre, le général Abdel Fattah al-Bourhan a affirmé à la télévision nationale qu’il « écrasera militairement » son rival.


Une trêve, mais pas de désescalade


Cependant, le calme régnait vendredi soir à part quelques affrontements sporadiques. Pressés par de nombreuses chancelleries internationales, les forces armées soudanaises ont fini par accepter vendredi un cessez-le-feu de trois jours, proposé la veille par Hemedti. Officiellement, cette trêve est déclarée pour les célébrations de l’Aïd, pour permettre aux civils de panser leurs plaies et d’évacuer les zones de combats. Le cessez-le-feu permettrait également aux ressortissants étrangers d’être évacués. Mais, les Soudanais n’y voient pas une désescalade, ils savent que les deux camps vont se réorganiser, se réarmer, pour reprendre dès que possible leur combat à mort


L'Égypte préoccupée par les combats au Soudan


Le cauchemar des autorités égyptiennes est de se retrouver confronté à un raz de marée humain venu du Soudan, explique Alexandre Buccianti correspondant de RFI au Caire, . En cas de détérioration grave des conditions de vie, la première vague serait composée des centaines de milliers de Soudanais cherchant refuge en Égypte. « La migration vers le nord » comme on l’appelle au Soudan. Un phénomène qui serait impossible à contrôler du fait d’une frontière poreuse de 1 200 km. L’Égypte accueille déjà 2 à 5 millions de Soudanais, selon les estimations. Certains se sont établis du temps où le Soudan était, jusqu’en 1956, une province égyptienne. Les autres sont arrivés au gré des multiples crises économiques et politiques qu’a connus le Soudan. Ce conflit pourrait aussi avoir des conséquences politiques. L’Égypte pourrait perdre un allié précieux dans le différend qui l’oppose à l’Éthiopie sur le barrage du Nil Bleu. Un allié qui pourrait même devenir un adversaire en se rapprochant d’Addis-Abeba.


Avec Eliott Brachet, envoyé spécial à Khartoum

21 avril 2023

L’Inde, une première puissance démographique en quête de miracle économique



D’après les chiffres publiés le 19 avril par les Nations unies, la population de l’Inde dépassera bientôt celle de la Chine. Elle comptera plus de 1,4 milliard d'habitants d'ici à la fin de l'année. Devenir le pays le plus peuplé au monde sera-t-il un avantage ou un frein à sa croissance ?



Une population nombreuse implique un grand marché et une main-d’œuvre fournie. C’est donc a priori favorable à l’économie, à condition que la croissance suive pour assurer un revenu décent à tous les habitants. Les deux géants voisins et rivaux que sont l'Inde et la Chine ont toujours considéré leur démographie surabondante comme un handicap.


Mais être le pays le plus peuplé au monde n'a pas empêché la Chine de devenir, en quarante ans, la deuxième puissance économique mondiale. La volonté de satisfaire les besoins de tout un chacun a même été un aiguillon dans sa fabuleuse progression. L’Inde n’a pas été en mesure de soutenir le rythme. Dans les années 1990, leur PIB par habitant était équivalent. Aujourd’hui, celui de la Chine est de 13 000 dollars. C’est cinq fois moins en Inde, 2 500 dollars seulement.


L’Inde peut-elle rattraper son retard ?

L’an dernier, l’économie indienne a dépassé celle du Royaume-Uni, pour se hisser au cinquième rang mondial. Elle a enregistré une croissance forte en 2022, de l'ordre de 8% et compte encore sur 7% cette année. Elle a donc trouvé un nouvel élan. La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis lui est bénéfique. On pense bien sûr à Apple qui ouvre un magasin et une usine en Inde.


Il n’y aura pas pour autant de miracle indien. Pour rattraper le niveau de richesse de la Chine de 2023, il lui faudrait une croissance de 10% pendant quasiment vingt ans d'affilée. Une prouesse inimaginable avec l'environnement actuel des affaires.


Se moderniser


L'Inde doit se moderniser pour attirer plus d’investissements étrangers et trouver un nouveau modèle, car le rôle de premier atelier du monde est déjà occupé par la Chine qui a développé un avantage compétitif et la rend difficile à rattraper. Depuis l'arrivée au pouvoir de Narendra Modi, les routes, les autoroutes ou les aéroports ont poussé comme des champignons. Mais cela ne suffit pas pour convaincre les investisseurs.


La logistique est encore insuffisante, inférieure à celle de la Chine, la main-d’œuvre indienne est moins chère, mais nettement moins productive qu’en Chine et le protectionnisme ambiant rebute les investisseurs. Résultat, l’Inde ne créée pas assez d’emplois pour sa jeunesse. Le taux de chômage grimpe à 40% chez les moins de 25 ans. Ce n’est pas nouveau, mais le problème va devenir encore plus aigu, car les moins de 25 ans représentent presque la moitié de la population.


Atout démographique relatif


Disposer d’une population jeune et éduquée est un avantage envié par tous les pays industrialisés, Chine comprise, confrontés au déclin de leur population active. Mais quand cette classe d’âge ne parvient pas à s’insérer dans la vie active, cet atout peut se transformer en calamité, en creuset d'inégalités, de frustration et de troubles sociaux.


Ce sous-emploi indien n'a pas que des causes économiques. Seulement deux femmes sur dix travaillent en Inde, contre six sur dix en Chine. Les emplois qu’on leur propose sont sous-payés, elles préfèrent donc rester à la maison. Mais la majorité d’entre elles n’a même pas ce choix. C’est sous la pression des maris qu’elles renoncent à la vie active. L’emploi des femmes est pourtant une des clés de la croissance, un constat qui se vérifie dans le monde entier.


RFI 

20 avril 2023

Au Soudan, Khartoum se vide de ses habitants



Les civils tentent de fuir les combats alors que tous les cessez-le-feu annoncés ont été violés par les forces des deux généraux rivaux.



Un engrenage s’est enclenché au Soudan que rien ne semble pouvoir arrêter. Pas même les commandants des deux armées qui s’affrontent. Depuis samedi 15 avril et le début des affrontements entre les Forces armées soudanaises (FAS), dirigées par le général Abdel Fattah Al-Bourhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), menés par Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », les trois cessez-le-feu qui ont été annoncés ont volé en éclats.


Cinq jours durant depuis samedi, les habitants de la capitale, Khartoum, où se concentrent avec le Darfour la plupart des combats, n’ont eu aucun répit. L’armée régulière multiplie les frappes aériennes sur les positions des FSR, désormais considérées comme des rebelles par l’état-major. Les paramilitaires y répondent avec leurs canons antiaériens et des salves de tirs à l’arme lourde.


Les deux camps procèdent à des tirs d’artillerie au milieu des habitations. Des ambassades ont été touchées. Des obus tombent au hasard, éventrant les maisons, soufflant les toitures. Près de 300 personnes ont déjà été tuées dans les affrontements et plus de 3 000 blessées, selon l’Organisation mondiale de la santé. Trente-neuf hôpitaux sur les 59 que compte la capitale ne sont plus opérationnels, privés d’électricité, de personnel et de matériel. Neuf d’entre eux ont été bombardés. Certains civils blessés par des balles perdues se traînent jusqu’aux urgences pour se retrouver face à des portes closes et devoir rebrousser chemin.


Evacuations délicates

S’extirpant de l’enfer des combats, laissant des cadavres de soldats gisant dans la poussière et des carcasses de blindés calcinés, des milliers de personnes ont fui la ville. Pendant des décennies, Khartoum a accueilli les centaines de milliers de Soudanais déplacés par les conflits armés ayant fait rage aux quatre coins du pays. Elle se vide, pour la première fois de son histoire, de ses habitants.


Les FSR, qui contrôlent une grande partie du centre de la ville, ont annoncé la création d’un numéro d’urgence pour évacuer des civils en détresse. Au même moment, leurs soldats continuaient de pénétrer dans des habitations, s’adonnant aux pillages, arrêtant arbitrairement des habitants et utilisant certaines maisons comme centres d’opération. Des travailleurs humanitaires ont été attaqués et plusieurs agressions sexuelles recensées, dont un cas de viol impliquant une expatriée japonaise. Le gouvernement nippon est le premier à avoir déclaré mercredi 19 avril qu’il s’apprêtait à évacuer ses ressortissants.


Ce genre d’opération s’annonce extrêmement délicate, alors que les tirs et les bombardements sont constants et que l’aéroport de Khartoum reste inutilisable. Surtout, les milieux diplomatiques sont sceptiques quant à la crédibilité des cessez-le-feu annoncés à intervalles réguliers par les deux parties. Les généraux Al-Bourhane et Hemetti ont prouvé à maintes reprises, depuis leur coup d’Etat du 25 octobre 2021, qu’ils excellaient dans l’art du double discours et peinaient à maîtriser leurs propres troupes.


« Depuis le règne d’Omar Al-Bachir, le pays connaît une miliciarisation croissante. Les chaînes de commandement ne sont pas parfaitement verticales », analyse Hafiz Ibrahim, défenseur des droits de l’homme pour l’organisation Justice Africa. Bien que les FSR, nées des milices janjawids qui ont sévi au Darfour au début des années 2000, tentent de se présenter comme une armée moderne et disciplinée, elles comptent dans leurs rangs des bataillons de soldats rompus aux exactions. Dans le camp opposé, « l’armée régulière est gangrenée par le courant islamiste, qui entretient des liens étroits avec de nombreux officiers et contrôle des milices qui suivent leur propre agenda et ne répondent pas directement aux ordres » du général Al-Bourhane, poursuit-il.


Conflit à mort

Mercredi soir, un nouveau cessez-le-feu d’une journée a été accepté par les deux camps. Les combats ont perdu en intensité, mais se poursuivaient encore sporadiquement dans la capitale. Les deux armées profitent de l’accalmie pour faire bouger leurs hommes et rapatrier des renforts vers la capitale.


Les FAS, qui semblent contrôler les grandes villes dans l’est et le sud du pays, de la mer Rouge aux montagnes du Kordofan, ont dépêché à Khartoum des régiments stationnés jusqu’alors dans la région de Gedaref, à la frontière éthiopienne. Des affrontements ont eu lieu aux alentours d’El-Obeid, au centre, alors que des colonnes de l’armée régulière remontant vers la capitale ont été interceptées par des FSR, qui semblent être bien établies au Darfour.


L’ouest du Soudan est également plongé dans le noir et dans les flammes. Les habitants se retrouvent sous les bombardements des forces rivales, qui se disputent les sites stratégiques de cette région. « El-Fasher est un tas de cendres », résume Huzeifa El-Fil, un habitant de la ville, alors que les FSR ont redoublé leur offensive sur les quartiers généraux des FAS aux abords de la ville. Dans le sud du Darfour, la ville de Nyala est le théâtre de « pillages et d’attaques de miliciens, venus du nord de la ville, notamment de Oum Al-Qura, connu pour être le fief de la famille de Hemetti », qui s’engouffrent dans le sillage des FSR, selon un journaliste travaillant pour l’ONG Darfur Monitors.


Cinq jours après le début des hostilités, aucun camp ne semble prendre l’avantage. Les deux généraux rivaux, qui restent sourds aux appels à la désescalade de la communauté internationale, sont embarqués dans un conflit à mort. Une spirale incontrôlable, alimentée par certains pays voisins, selon les informations du Wall Street Journal. Alors qu’un avion chargé de munitions, affrété par le général libyen Khalifa Haftar, serait parvenu aux FSR, les FAS bénéficieraient d’un appui aérien égyptien pour mener leurs opérations.



Le Monde

Eliott Brachet(Khartoum, correspondance)

Tchad : plus de 300 soldats soudanais désarmés à la frontière par l'ANT



Le général Daoud Yaya, ministre de la défense, était présent lors d'une conférence de presse tenue ce mercredi 19 avril. Au cours de cette conférence, il est revenu sur la situation actuelle au Soudan et a rassuré sur les mesures prises par l'État tchadien pour assurer la sécurité de ses citoyens.



Le ministre a affirmé que le Tchad a mis en place un comité de crise composé de six ministres, y compris le chef d'état-major général des armées, pour faire face aux escalades au Soudan. Il a également déclaré qu'un dispositif sécuritaire avait été mis en place à la frontière pour éviter tout débordement.



Le général Daoud Yaya a ensuite signalé l'arrivée de soldats soudanais à la frontière Tchad-Soudan, mais a assuré que les forces de défense et de sécurité du Tchad avaient réussi à les désarmer, faisant ainsi échec à une éventuelle infiltration. Il a précisé que 320 soldats soudanais avaient été désarmés par les forces tchadiennes.



Le ministre a également évoqué la situation des Tchadiens qui se trouvent actuellement au Soudan. Il a rassuré que le gouvernement avait pris toutes les dispositions pour assurer leur sécurité et les avait invités à se rassembler dans un lieu unique pour faciliter leur prise en charge en cas de besoin. Il a également encouragé les Tchadiens à communiquer avec l'ambassade du Tchad au Soudan grâce au numéro vert mis à leur disposition.



Le général Daoud Yaya a enfin appelé les médias à jouer leur rôle en relayant les informations nécessaires à l'opinion nationale et internationale. Il a souligné que la situation au Soudan ne concernait pas directement le Tchad mais que le pays voisin préférait une solution rapide à cette crise pour éviter une dégradation de la situation à l'ouest du Soudan, ce qui aurait des répercussions sur le Tchad.


Alwihda Info

Soudan : les habitants de Khartoum cherchent la sortie d’urgence



Au cinquième jour du conflit au Soudan, de nombreux riverains de la capitale Khartoum ont profité d’une relative accalmie pour quitter la ville. Le bilan approche les 300 morts tandis que les combattants terrorisent les citoyens jusque dans les foyers.




Un imposant sac plastique à la main, Salahadin Abakar marche depuis plus de trois heures sous un soleil de plomb. « Nous prendrons ce que nous trouverons, une voiture ou un bus », souffle cet agent de sécurité avant de poursuivre son chemin vers la gare routière la plus proche. Des dizaines de citoyens aux bras chargés remontent une artère de l’est de Khartoum, la rue 60, en direction de ladite gare.


Le silence ambiant tranche avec les bombardements intermittents qui se poursuivent ce mercredi 19 avril, au cinquième jour du conflit entre l’armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Un bilan provisoire recense 296 victimes. Les tirs sont néanmoins plus espacés que les journées précédentes, alors que de nombreuses familles tentent de se mettre à l’abri, loin de la capitale.


Un coûteux périple

La plupart d’entre elles prévoient de rejoindre Wad Madani, à 200 kilomètres au sud. « Nous ne sommes pas en sécurité ici », dit simplement Osman Ahmed, depuis la rue 60. Djellaba blanche et tagiya (chapeau islamique) assortie, ce sexagénaire est en quête d’un véhicule à louer afin de transporter ses filles et ses huit petits-enfants vers le sud. Il s’apprête à débourser 170 000 livres soudanaises, soit 260 €. « Ces entreprises profitent de la situation », peste-t-il.


Dans le même temps, à Wad Madani, des riverains ouvrent leurs portes aux inconnus. Mohamed Mahrogi est propriétaire d’un dortoir pour étudiantes, vidé de ses pensionnaires à l’approche de l’Aïd. Mardi soir, il a posté une annonce sur les réseaux sociaux pour proposer sa cinquantaine de lits « aux personnes de Khartoum et des autres États affectés par la guerre ». Depuis, son téléphone n’arrête pas de sonner.

Wad Madani est en effet épargnée par les conflits, en raison de l’absence de base paramilitaire. « La situation est complètement différente ici. Les habitants vivent leur vie normalement. Certains doivent penser que la guerre est une blague », ironise Abdalla Mahjoub, 23 ans. Il a lui-même effectué le trajet la veille, avec ses parents.


Les paramilitaires en quête d’argent dans les immeubles


« Nous dormions sous nos lits depuis qu’un FSR s’était mis à tirer en l’air au deuxième jour du conflit. Une balle a atteint notre balcon. Il n’y avait aucun militaire autour. Le seul objectif de ce milicien consistait à terroriser les civils », dénonce ce dentiste, dont le logement est privé d’eau et d’électricité. Souvent très jeunes, et envoyés tout droit du Darfour (ouest du pays) dans les semaines précédant l’offensive, les FSR sèment ainsi la terreur dans la capitale.


Soudan : le général Dagalo à la conquête du pouvoir


Amira Abdelgader ne parvient pas à retenir ses larmes. Cette mère célibataire est barricadée, seule, avec ses deux petits de 5 et 6 ans. Ce mercredi matin, elle s’apprêtait à prendre le bus, direction Port-Soudan, dans l’Est, quand des FSR ont fait irruption dans son immeuble. « Ils ont frappé à la porte de ma voisine, raconte cette professeure de mathématiques. Je l’ai entendue répéter qu’elle avait un bébé et qu’elle n’avait rien à leur donner. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé. Nous entendions seulement le son de leurs bottes sur le sol… » Traumatisée, elle n’ose pas regarder si ces derniers sont toujours en bas de chez elle.


« Nous connaissons leurs méthodes. Ils veulent voler de l’argent, des téléphones ou des voitures et violer des filles », poursuit Amira Abdelgader. Beaucoup d’habitants de Khartoum cherchent par tous les moyens à s’extirper de ce chaos. Tout en redoutant de se faire arrêter, voler ou agresser sur la route au passage d’un point de contrôle. Aux mains de l’un ou l’autre des belligérants.




  • Reportage, Augustine Passilly, correspondante de La Croix à Khartoum.

19 avril 2023

Soudan : cinq questions sur les combats meurtriers qui opposent deux généraux et déchirent le pays



Depuis samedi 15 avril, de violents affrontements au Soudan opposent l’armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane et les forces paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo. D’après l’Onu, les combats ont déjà fait près de 200 morts et au moins 1 800 blessés. On fait le point sur la situation au cinquième jour des combats.

Une centaine de civils ont été tués dans la guerre désormais ouverte entre les deux généraux aux commandes du Soudan depuis leur putsch d’octobre 2021.

Depuis des semaines, les 45 millions de Soudanais regardaient, anxieux, le fossé se creuser entre le commandant de l’armée, Abdel Fattah al-Burhane, et son numéro deux, Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti », patron des Forces de soutien rapide (FSR).

Samedi, leurs hommes se sont lancés dans une bataille rangée et depuis, Khartoum et d’autres villes tremblent sous les tirs et les raids aériens. On fait le point sur la situation.


1. Comment en est-on arrivé là ?

En octobre 2021, les deux généraux ont fait front commun pour évincer les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute du dictateur Omar el-Béchir en 2019.

« Un mariage de raison » pour le putsch, explique à l’AFP le chercheur Hamid Khalafallah. « Ils n’ont jamais eu de partenariat sincère mais des intérêts communs face aux civils ».

Et les brèches de l’union sacrée sont rapidement apparues au grand jour : Le chef des Forces de soutien rapide (FSR), Hemedti, a plusieurs fois dénoncé l’« échec » d’un putsch qui a réinstauré « l’ancien régime » de Béchir, selon lui. Puis le conflit s’est intensifié quand il a fallu signer les conditions d’intégration de ses hommes aux troupes régulières, dans le cadre de l’accord avec les civils qui devait relancer la transition démocratique.

Pour les experts, cet accord a ouvert la boîte de Pandore : en laissant les militaires négocier entre eux, « Hemedti est passé du statut de second à celui d’égal de Burhane », affirme à l’AFP Kholood Khair, qui a fondé le centre de recherche Confluence Advisory à Khartoum. Se sentant « plus autonome face à l’armée », Hemedti a vu une opportunité de réaliser « ses très grandes ambitions politiques », abonde auprès de l’AFP Alan Boswell, en charge de la Corne de l’Afrique à l’International Crisis Group.

Samedi 15 avril, une ligne a été franchie. Désormais l’opposition entre les deux généraux à dégénérer en violences.


2. Qui sont Abdel Fattah al-Burhane et Hamdane Daglo ?

Abdel Fattah al-Burhane. Le général al-Burhane incarne le visage du pouvoir militaire au Soudan, un pays quasiment toujours sous la coupe de l’armée depuis son indépendance en 1956. Ce général âgé aujourd’hui de 62 ans est le commandant de l’armée.

Natif de Gandatu, un village au nord de Khartoum, Abdel Fattah al-Burhane a servi sous l’ancien président Omar el-Béchir en tant que commandant de l’armée de terre. En 2019, il prend la tête de l’armée lorsque le dictateur est renversé le 11 avril après quatre mois de contestation populaire déclenché par le prix du pain, et dirige le Conseil de souveraineté, pour superviser la transition vers la démocratie.

Mais à l’aube du 25 octobre 2021, à la surprise générale, le général Burhane annonçait à la télévision arrêter la quasi-totalité des ministres et responsables civils avec qui il formait un gouvernement.

Hemedti qui était pourtant à ses côtés, dénonce depuis un « échec » et qualifie le général Burhane de « criminel ».


Mohamed Hamdane Daglo. Issu des milices qui ont semé la terreur au Darfour, le général Mohamed Hamdane Daglo dit « Hemedti » s’est imposé comme un acteur incontournable de la politique et de l’économie au Soudan.

Depuis 2013, il dirige les Forces de soutien rapide (FSR), grand supplétif paramilitaire créé par le dictateur Omar el-Béchir. Le 25 octobre 2021, Hemedti prête main-forte au chef de l’armée régulière, le général Abdel Fattah al-Burhane, qui mène un putsch pour évincer les civils. Hemedti devient alors le numéro deux du pouvoir militaire.

Mais aujourd’hui, le chef des FSR dit avoir changé et est devenu l’ennemi juré d’al-Burhane. Après avoir été un rouage de la dictature militaro-islamiste du général Béchir, il se pose désormais en parangon de l’État civil et en adversaire farouche de l’islam politique. Il s’aligne désormais sur les civils pour dénoncer l’armée et se réclamer des « acquis de la révolution » de 2019.

Depuis des mois, il s’est invité sur les réseaux sociaux, multipliant les comptes sur Facebook, Instagram ou même TikTok pour s’adresser aux plus jeunes – deux tiers des Soudanais ont moins de 30 ans.


3. Où en sont les combats ?


Depuis samedi, les combats se concentrent surtout à Khartoum et dans la région du Darfour (ouest). Mardi, dans la soirée, des tirs et des explosions ont encore secoué la capitale, en dépit d’appels à la trêve, au quatrième jour de combats entre l’armée et les paramilitaires.

À l’issue d’une médiation du Soudan du Sud, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), et l’armée s’étaient pourtant engagées à une trêve de 24 heures pour évacuer les civils des régions les plus dangereuses.

Mais les explosions, colonnes de fumée, odeur de poudre et rafales de tirs ont continué. « Il n’y a aucun signe d’apaisement à Khartoum et dans plusieurs autres zones », constatait l’Onu dans la soirée.

L’armée et les FSR se sont empressés de s’accuser mutuellement d’avoir « violé la trêve ». Pour l’heure, impossible de savoir qui contrôle les institutions et lieux de pouvoir. Les deux camps disent par communiqués interposés tenir l’aéroport, le palais présidentiel ou encore le QG de l’état-major.


4. Quel est le bilan humain ?

Les violences ont fait depuis samedi plus de 185 morts à travers le pays, selon l’Onu, et poussé plusieurs ONG et agences onusiennes à suspendre toute aide.

Lundi, un convoi diplomatique américain a essuyé des tirs et l’ambassadeur de l’Union européenne a été « agressé dans sa résidence » à Khartoum. La diplomatie soudanaise, loyale au général al-Burhane, a accusé les FSR.

Du côté des blessés, l’Onu recensait mardi 1 800 blessés, et sûrement beaucoup plus tant l’accès aux zones de combats est difficile, pour les patients comme pour les médecins.

Au Darfour, bastion du général Hemedti et de milliers de ses hommes qui y ont mené des atrocités durant la guerre lancée dans cette région en 2003, Médecins Sans Frontières (MSF) a dit avoir accueilli en trois jours 183 blessés, « dont beaucoup d’enfants » dans son dernier hôpital fonctionnel.

Ce mercredi, ce sont par milliers que des femmes et des enfants ont pris la route vers les provinces hors de Khartoum.


5. Comment réagit la communauté internationale ?

Lundi 18 avril, au troisième jour des combats, le secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres appelait les deux généraux rivaux à cesser les affrontements. « Je condamne fermement le déclenchement des combats qui ont lieu au Soudan et appelle les dirigeants des forces armées du Soudan et des Forces de soutien rapide à cesser immédiatement les hostilités, restaurer le calme et commencer un dialogue pour résoudre la crise », a-t-il déclaré.

Dès le début des combats, l’Onu, Washington, Paris, Moscou, Ryad, l’Union africaine, la Ligue arabe, l’Union européenne, les membres du G7 et même l’ancien Premier ministre civil Abdallah Hamdok ont appelé à un cessez-le-feu « immédiat », pour l’instant sans effet, l’accord de mardi ayant échoué.

Samedi, la France exprimait notamment sa « vive inquiétude » face à la situation, appelant les deux parties à « tout mettre en œuvre pour faire cesser » les violences. « Seul le retour à un processus politique inclusif, conduisant à la nomination d’un gouvernement de transition et à des élections générales, peut régler durablement cette crise », a estimé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.


Ouest-france

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